Tesla : comme Uber

Publié le 3 mai 2024 dans Blogue par Antoine Joubert

Tout récemment, je mettais à l’essai une Tesla Model 3 qui, je dois l’admettre, m’a réconcilié avec la marque. Cette voiture n’offre pas encore les standards de qualité de fabrication d’une Audi ou encore d’une Lexus, mais elle s’est grandement améliorée et impressionne toujours avec une technologie électrique difficile à battre.

Celle que l’on appelle la Model 3 Highland (nom de code de cette version partiellement remodelée), est plus attrayante que l’édition 2023, et offre aussi l’avantage de coûter 1 000 $ de moins que cette dernière. Un prix affiché lors de son lancement à 53 990 $, et qui deux auparavant, était à 59 990 $.

Mais voilà, Tesla annonçait cette semaine une nouvelle baisse de prix de la Model 3 2024, portant la facture à 50 990 $, et à 60 990 $ pour la version Dual Motor. Et vlan! 3 000 $ de plus, histoire de palier un certain ralentissement des ventes, hautement médiatisé ces dernières semaines. Parce que vous vous en doutez, l’analyse boursière quotidienne de Tesla est scrutée à la loupe par des milliers d’experts, qui cherchent toujours à critiquer monsieur Musk.

Photo: Antoine Joubert

Que l’on apprécie ou non le personnage, force est d’admettre que ses habitudes marketing diffèrent grandement de celles établies dans l’industrie. Pour le meilleur et pour le pire. Parce que si certains consommateurs sont aujourd’hui très heureux de pouvoir « économiser » à l’achat d’une nouvelle Tesla, d’autres sont extrêmement frustrés d’avoir payé 3 000 $ de plus la semaine dernière, ou 10 000 $ de plus il y a deux ans... Il suffit d’imaginer les conséquences de ces multiples baisses de prix sur la dépréciation de la Model 3 pour comprendre que nombre de consommateurs se sentent littéralement floués.

Il faut également comprendre que la majorité des voitures financées chez Tesla le sont sur des termes de 96 mois. Oui, huit ans! Une période interminable pour le financement d’un véhicule, qui implique forcément une équité négative sur près de 80% du terme. Autrement dit, une dette toujours plus élevée que la valeur de la voiture, jusqu’à ce que l’on atteigne la sixième année de financement. Or, comme la plupart des gens choisissent de remplacer leur véhicule bien avant terme, ceux-ci se retrouvent en situation de surfinancement. Essentiellement, on finance le manque à gagner pour éponger la dette du précédent véhicule, sur le nouveau que l’on financera encore une fois, sur un trop long terme. Véritable cercle vicieux, cette situation se voyait beaucoup moins ces dernières années en raison de la valeur en hausse des modèles d’occasion.

Photo: Antoine Joubert

Hélas, avec des prix qui ne cessent de chuter, il est inévitable que la valeur des Tesla Model 3 fasse de même. Évidemment, jusqu’au 31 décembre, on applique toujours un crédit sur un véhicule électrique de 10 437 $ + tx (12 000 $ taxes incluses) sur le prix de vente, portant le coût réel à 40 553 $ (42 433 $ en incluant les frais de transport/préparation). Un prix qui peut bien sûr sembler très alléchant, sauf s’il diminue d’ici à la fin de l’année...

Cette situation, nous l’avons également constatée chez Ford, qui a fait chuter le prix de ses Mustang Mach-E. S’il s’agit de situations exceptionnelles pour les constructeurs traditionnels, Tesla en fait maintenant une norme. Cette fluctuation des prix en fonction de l’offre et de la demande, explique aussi la légère augmentation du prix du Model Y, et rappelle clairement la façon de faire de l’entreprise de taxi Uber : plus la demande est forte, plus les prix sont élevés. Et vice-versa. D’ailleurs, sachez que Tesla fait de même avec ses pièces de remplacement, dont les prix fluctuent constamment en fonction de la demande face à l’inventaire...

C’est donc dire qu’avant de se procurer une Tesla, il faut dorénavant analyser le marché, voire les titres boursiers, afin de deviner si la prochaine fluctuation de prix sera à la hausse ou à la baisse. Quant aux entreprises comme ALG et Black Book qui établissent des valeurs résiduelles en anticipant le futur sur plusieurs années, je leur dis bonne chance. Avec Tesla, ça ne sera que pure spéculation!

À voir aussi : licenciement de 10% des employés de Tesla : la chronique d'Antoine Joubert

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